"Vas & Vients" ascensionnels.
Il y a des maux qui ne s'effacent pas. Il y a des souvenirs qui ne périssent pas. Et pourtant je les ai enfouis au plus profond de ma chair, puis piétinés. Liquéfiés. J'ai demandé à mes pensées de ne plus me brusquer, de laisser couler ce désespoir et ce manque, comme un long fleuve tranquille, comme un long ruissellement tranquille et sauvage. Pour essayer de tremper ce manque dans un semblant de raison, essayer d'en comprendre la cause. Ou tout simplement essayer de ne pas y penser. Puisque les pensées détruisent l'illusion. Puisque la réalité condamne l'espérance, puisque la fatalité est irréversible.
Et pourtant les souvenirs s'amoncellent, les images défilent et le manque subsiste. Les regards sont plus ternes, les absences plus pesantes. Même l'imagination se blesse, pâlit, éclate en bribes désespérées. Illusions perdues au coeur d'émois malsains et indifférents. L'extase des jours, la beauté des gestes, l'admiration sentimentale, ne sont plus que des éclats endormis. Des bribes de désillusions. Aiguisées jusqu'à l'amertume, jusqu'à cette langueur impersonnelle et pourtant si perverse. Aiguisées jusqu'à m'en briser les os.