Je m'illusionne de jour en jour. Je déploie mes ailes sur le bord des routes. Je m'enlise dans l'innéficacité de mes moindres gestes. Et je reste là, à la lisière de mes émois, attendant je ne sais quelle approche. Espérant je ne sais quels mots.
Et pourtant rien ne change, même si tout grandit. Même si chaque pensée se développe, rien ne se renouvelle. Et cette inconstence me tue à petit feu. Tout doucement, sans atteintes extrémistes ni angoisses spontanées. Tout se déploie sous le silence de ces temps endormis et de mes membres engourdis. Plus rien ne blesse de manière atroce. Seules quelques plaies se pâment devant le miroir passé de leurs souffrances intérieures. Ces douleurs psychiques et corporelles qui gardent toujours leur couleur originelle, Rouge Passion.
En réalité les maux sommeillent. Ils s'endorment paisiblement sous l'inertie de ma chair encore blême. Derrière le voile illusoir dont mon regard ne cesse de se revêtir. Ainsi ces maux peuvent s'émouvoir en toute sérénité, peuvent se saisir de mes souvenirs, encore trop humides, sans que mon être n'ait conscience de leurs actions. Son antre lui restant incompris, incompréhensible. S'étant interdit de connaître cette vérité intérieure, s'étant saoulé de mensonges et d'illusions beaucoup trop fleurissantes. Car cette réalité est à craindre. Le passé n'est pas mort. Il vit dans les souvenirs, et mes maux le convoite.